L'histoire du rhum1635: la culture de la canne à sucre atteints les îles des Caraïbes.
Quelques temps plus tard, dans une plantation, un étourdi oublia un long moment son verre de jus de canne sous le soleil. Quand il reprit son verre, le liquide avait fermenté et l'homme apprécia l'euphorie qui le gagnait.
Il venait de découvrir le principe de fabrication du meilleur ami des marins:
Le RHUM.
Un texte du milieu du 17ème siècle parle de cette eau-de-vie sous le nom de "tue-diable"et "rumbullion" -"tue diable" décrivant la force dégagée par cet alcool. À la fin de ce siècle, la désignation "tue-diable" semble disparaître et le mot rum (traduction anglaise de rhum) -abréviation de "rumbullion"- est utilisé communément.
À ses débuts, le rhum était la boisson des esclaves et des marins. En 1655, l'Amiral Penn, membre éminent de la Royal Navy, institua la distribution quotidienne de rations de rhums aux marins. Mais c'est en 1731 que l'Amiral Vernon la remplaça par un mélange constitué de deux volumes d'eau pour un volume de rhum. Le plus souvent, un trait de jus de citron y était ajouté pour lutter contre le scorbut. Ce mélange fut bâptisé "grog" en hommage au surnom de l'Amiral Vernon qui portait toujours une veste dont le nom était "grogram" ( gros-grain en anglais).
Aux Antilles, les Anglais avaient également pris l'habitude de marier le rhum à plusieurs autres ingrédients : thé, sucre, citron, cannelle...Ils donnèrent à ce cocktail le nom "punch". Une fois encore, l'origine du nom est incertaine et donne lieu à de nombreuses interprétations. La plus plausible d'entre elles est indienne. En effet, dans cette langue le mot "panch" signifie cinq, précisement le nombre d'ingrédients nécessaires à la composition d'un vrai punch.
Les plus gros buveurs de rhum étaient le plus souvent les boucaniers et autres aventuriers. A cette époque, l'un des problèmes les plus graves auxquels la Marine anglaise devait faire face était la désertion : les pirates avaient pour habitude de recruter leurs équipages en saoûlant les marins dans les ports ; ils n'étaient alors plus en état de répondre à l'appel. Les bateaux anglais partaient en abandonnant ces quelques marins qui n'avaient plus d'autres solutions que de devenir pirates à leur tour !
Mais les pirates étaient parfois pris à leur propre piège comme en témoigne la mésaventure survenue à John Rackam dit "Rackam le Rouge" et à son équipage. Après avoir vidé toute la cargaison de rhum prise à un bateau qu'ils avaient abordé, les redoutables pirates, trop saoûls pour résister, furent capturés par la Marine Royale anglaise. Cette aventure se termina par leur pendaison en 1720.
Quelques dates :-1635 : les Français s'installent en Martinique. Les principales cultures d'exportation sont le café et le coton. On procède aux premiers essais de culture de la canne.
-1650 : la Martinique exporte déjà un peu de sucre mais c'est une production peu rentable car seule une faible proportion du jus est transformée en sucre.
Alors que la production se développe, on cherche une solution à ce gaspillage. Elle sera apportée par un ouvrier de la plantation qui goute au jus que la chaleur et les levures naturelles avaient fait fermenter : c'est le début du rhum de sucrerie, ou rhum industriel.
Le Père Du Tertre fabrique un appareil de distillation pour traiter écumes et gros sirops.
-1694 : le Père Labat invente l'alambic : de nombreuses sucreries vont alors s'adjoindre une distillerie.
-1767 : le sirop est la monnaie d'échange internationale Il existe 450 sucreries en Martinique.
-1870 : la canne couvre 57 % de la surface cultivée ; les sucreries traditionnelles se regroupent en usines centrales.
Mais face à l'effondrement du cours du sucre, il faut trouver d'autres débouchés : apparaît alors l'idée de distiller du jus de canne frais fermenté. C'est l'arrivée du Rhum Agricole ou Rhum Habitant.
Pour faire face à la demande, une véritable industrie rhumière se met en place.
-8 Mai 1902 : l'éruption de la Montagne Pelée réduit à néant la ville de Saint Pierre et diminue de moitié la capacité de production.
1ère guerre mondiale : le renouveau s'amorce, les usines se modernisent. Le rhum vient redonner courage aux soldats et entre dans la composition des explosifs: sa production est doublée.
-1918 : les distillateurs métropolitains s'inquiètent de ce concurrent aux cours trop bas et trop anarchiques : la métropole limitera l'importation des rhums coloniaux avec la loi du contingentement du 31 décembre 1922.
Quelques bon trucs à savoir :-En métropole, à cette époque, on fait déjà des eaux-de-vie de fruits. Une chance pour les colons français. Ils ne savent que faire de toute cette mélasse, parente pauvre résultant de la fabrication du sucre et salivent à l'idée d'un nouveau débouché pour la canne. Un prêtre, le Père du Tertre, conçoit un nouvel appareil de distillation, plus performant, pour la mélasse (qu'il appelle "écume" ou "gros sirop"). Son "Histoire des Antilles" (1667) est le premier écrit connu sur la fabrication de l'alcool de canne.
-Aujourd'hui, la filière Canne - Sucre - Rhum, c'est environ :
3700 emplois
3500 hectares plantés en canne
220 000 tonnes de canne produites
120 000 pour les distilleries = 12 Millions de litres
80 000 pour la sucrerie = 1 Million de litres
+ de 6 000 tonnes de sucre
Voili voilou.